Je vous présenterai le déroulement de la rencontre par un autre slogan : « Vivez la conférence! ». La cérémonie d’ouverture a lieu le premier jour, à l’intérieur de la salle de réunions (l’Aula) du lycée Goldberg. Le code vestimentaire est formel, le caucus est formel, l’atmosphère est lourde de solennité : notre petit monde imaginaire mais authentique de la diplomatie est complet. Le maire de Sindelfingen, la directrice du lycée, les organisateurs et les ambassadeurs représentant les différentes nations, des invités spéciaux, prononcent leurs discours.

Après la cérémonie, chaque délégation reçoit son propre couple de superviseurs (les advisors) : les délégués se transforment en touristes affamés, désireux de découvrir une nouvelle ville (Stuttgart ou Ludwigsburg), le musée Mercedes-Benz, le jardin zoologique et de manger un morceau – de préférence des spécialités locales (Kässpätzle, Maultauschen, Wibele, etc.). Puisque Sindelfingen est une ville plutôt petite, les cent quatre-vingts étudiants, ainsi que les superviseurs et les enseignants (les MUN-directors), ont pris le S-Bahn afin d’apprécier la chaleur d’un été indien et le goût de la cuisine souabe. Les élèves retournent ensuite dans leurs familles d’accueil en début de soirée, avant de se retrouver par comité dans différents restaurants de Stuttgart… il n’y a pas de temps de repos – il n’y en a jamais pendant un MUNOG !

Les trois jours suivants, les délégués passent environ huit heures à débattre dans leurs comités respectifs, à représenter et à défendre l’opinion des pays sélectionnés ; la délégation française ayant choisi, cette année, de représenter l’Arabie Saoudite et le Royaume-Uni. Les discussions sont animées, souvent hilarantes et, surtout, très compétitives. Le but des séances est de rédiger une résolution pour chaque problème donné. Cette résolution doit satisfaire la majorité des délégués, et être suffisamment professionnelle pour être débattue lors de la toute dernière assemblée, la fameuse Assemblée Générale. Une chose que vous ne devez jamais faire pendant un MUNOG est de prendre trop au sérieux les regards croisés des autres délégués. La compétition disparaît dès que la session est terminée et que la fête est annoncée ; tout cela ne reste qu’une simulation, chers lecteurs.

Quelle est, en effet, la probabilité que vous rencontriez une personne slovène, indienne, britannique, allemande, roumaine, ukrainienne, croate, espagnole, italienne, etc. toutes les heures, tous les jours, pour leur parler, devenir amis avec eux et plus tard rester en contact avec eux et enfin peut-être se retrouver, dans une autre partie du monde ?

Bien sûr, les élèves apprécient les discussions enflammées, ils aiment parler de manière persuasive et améliorer leurs compétences en anglais… mais rien de tout cela ne serait intéressant s’il n’y avait pas l’aspect social. Une autre valeur des MUN est l’humeur lumineuse et contagieuse que tout le monde porte sur son visage, malgré la fatigue. Cela vous fait rencontrer des filles catalanes souriantes et des garçons hongrois amusants. Les préjugés se vaporisent simplement en un claquement de doigts et ne reviennent plus jamais à votre esprit